La complexité humaine au coeur de la pratique | Entrevue avec François Desruisseaux

La complexité humaine au coeur de la pratique | Entrevue avec François Desruisseaux

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Février est le mois de psychologie et la Fondation de l’Hôpital du Suroît a profité de l’occasion pour aller à la rencontre de François Desruisseaux, psychologue de 2e ligne dans la région du Suroît. À la fois pédagogue et clinicien, François nous dévoile les dessous de son métier et l’amour qu’il porte à la psychologie.

Merci François de prendre le temps de discuter avec la Fondation de l’Hôpital du Suroît en cette froide journée d’hiver!

Cela me fait plaisir de parler de mon travail, que j’aime tant! Je pourrais en parler sans fin et d’ailleurs, si jamais je jase trop, il faut m’arrêter car, habituellement, c’est moi qui pose les questions. Alors quand j’ai la chance de parler, j’en profite!

C’est une excellente nouvelle pour nous! Alors, si vous le permettez, retournons dans votre enfance pour comprendre les événements ou bien les raisons qui ont mené au choix de devenir psychologue. Était-ce évident pour vous que vous passeriez toute votre vie professionnelle à prendre soin des gens?

Je n’ai pas toujours su que j’allais devenir psychologue, mais je dois dire que j’ai toujours été un enfant curieux. Curieux de comprendre les émotions des gens, de comprendre leurs comportements. Je n’étais pas un jeune intéressé par le fonctionnement de la télévision ou bien du moteur de la voiture…Non, pour moi, c’est la complexité de l’humain qui me fascinait! Et je dois dire également que j’avais envie de trouver des solutions pour aider les gens qui souffraient autour de moi.

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Ce jeune François semble être un être émotif, connecté au monde qui l’entoure, non?

Oui, en effet! Et c’est au Cégep que vraiment j’ai eu le déclic (j’ai d’ailleurs suivi tous les cours de psychologies disponibles dans le cursus) et mon intérêt grandissant pour ce domaine m’a amené jusqu’à la maîtrise où là, mes stages ont réellement validé que la psychologie allait façonner l’ensemble de ma carrière. Et 25 ans plus tard, j’aime autant cela!

Et en 25 ans, le monde a changé…Est-ce que la pratique de la psychologie a également évolué?

Je ne crois pas que la psychologie a réellement changé – ou du moins, elle n’a pas évolué au même rythme, que disons l’avancée d’internet ou des technologies. En fait, pour moi, la psychologie relève plutôt de l’art…et il faut des années pour arriver à le maîtriser, à bien le comprendre. La psychologie est immensément complexe, tout comme les humains. Et c’est pour cela que je continue à me former régulièrement afin de parfaire mes connaissances.

Vous le dites, la psychologie est complexe, tout comme l’humain. Et le travail fait au niveau du soutien à la santé mentale doit nécessiter l’apport de plusieurs spécialités puisque le psychologue seul ne peut répondre à tous les enjeux vécus par les patients.

En effet, dans les équipes offrant des soins en 1re ou 2e ligne, il y a vraiment une pluralité de professionnels. Travailleurs sociaux, ergothérapeutes, infirmières, psychiatres et psychologues travaillent de pair afin de référer les patients vers le bon soutien. La réponse ne se trouve pas toujours auprès du psychologue.

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Bon an, mal an, vous traitez environ 25 patients de manière simultanée. Certaines personnes ont des durées de traitement plus longues que d’autres. Parlez-nous des types de soins que vous offrez à la clientèle.

Tout dépend de la motivation de la personne à entamer un traitement. Certaines fois, quelques rencontres suffisent afin d’outiller la personne à mieux gérer ses réactions et ses émotions face à une situation précise. Mais souvent, le patient souhaite aller plus en profondeur et nous entamons alors une psychothérapie, qui s’échelonnera souvent sur plus d’un an.

À voir un patient pendant plus d’un an, des liens forts doivent se développer entre eux et vous. Dans toutes vos années de pratique, quel est le plus beau moment que vous ayez vécu avec l’un de vos patients?

À chaque matin, je me sens choyé de faire mon travail et je trouve un grand réconfort quand je pense aux patients que j’ai pu aider. Par exemple, une de mes patientes a réussi, suite à sa psychothérapie, à développer une relation amoureuse saine et stable. Elle qui avait vécue des traumatismes dans sa jeune vie, la rendant incapable de développer une relation de confiance avec autrui. Sachant qu’elle est maintenant plus heureuse grâce au travail que nous avons réalisé ensemble, cela me confirme que mon impact est important dans la vie de mes patients.

Le mois de la psychologie s’amorce dans le contexte toujours incertain de la pandémie de COVID-19. Avez-vous remarqué chez vos patients des effets réels de la pandémie sur leur santé mentale?

Il est vrai que la pandémie aura été un stresseur important chez plusieurs personnes. Mais quand on creuse un peu, il appert parfois que la source de l’anxiété, de la dépression ou de tout autre déséquilibre n’est pas le stresseur, mais bien quelque chose qui est enfoui plus profondément dans la personnalité du patient. C’est pour cela que je trouve important de s’intéresser à la personnalité du patient, à ce qu’il ou elle est réellement, afin de définir un traitement qui permettra d’améliorer de manière significative la vie du patient.

Votre mantra est d’apprendre au pêcheur à pêcher, au fond?

Absolument! Le but n’est pas de traiter les stresseurs, mais bien d’aller en profondeur pour permettre à la personne d’apprendre à mieux gérer les situations de stress et à savoir comment réagir lorsqu’une situation précise, ou bien similaire, survient dans l’avenir. En remontant à la source et en adressant le conflit intérieur ou bien le nœud du problème, on augmente de beaucoup les chances que le patient développe des compétences et des outils, lui permettant de changer sa manière de ressentir les choses, de réfléchir à ses propres comportements et à sa manière d’être en relation avec les autres. Je travaille avec mes patients pour que ces derniers soient les plus autonomes possible, les plus libres possible et qu’ils soient capables de profiter de la vie.

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Terminons cette entrevue, avec quelques questions EN RAFALE!

Ce que vous faites aujourd’hui que vous n’auriez pas cru possible dans votre pratique?

Voir mes patients en consultation virtuelle! La pandémie nous aura prouvé que c’est facile et possible avec certains types de patients.

Qu’est-ce que les gens sont toujours surpris de connaître à propos de vous?

Je ne possède pas de cellulaire et pas de Facebook, et c’est plutôt rare en 2022, même pour un psychologue!

Quels sont vos outils de travail de prédilection?

Les psychologues travaillent léger! Certains tests psychologiques sont parfois utilisés en plus du confort de deux chaises et une boîte de mouchoirs, pour les moments plus difficiles.

En soutien à la santé mentale, quel service tout citoyen devrait connaître?

Le site web de l’Ordre des psychologues du Québec permet de trouver facilement un psychologue selon ses besoins et il y a même une centrale d’appels qu’il est possible de contacter pour obtenir la référence de 3 psychologues de notre région. (514 738-1223 ou 1 800 561-1223) - https://www.ordrepsy.qc.ca/tro...


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